Sans vous, qu’elles sont tristes, nos forêts ombreuses,
Petit Peuple, lutins, gnomes et feux follets,
Depuis que des docteurs aux voix impérieuses
Vous ont de leur science interdit d'exister !
Ceux-là, non satisfaits de mesurer la Terre,
Se sont mis en devoir d’arpenter les éons,
D’enfermer le Sublime en leurs bocaux de verre !
Lors, n’y parvenant point, effacèrent les noms
De la Gent Invisible aux tableaux des écoles.
Adieu, belles ondines, au détour d’un étang,
Farfadets gambadant après les lucioles !
Ne cherchez plus Eole, il n’y a que du vent !
Sans Vénus désormais, l’amour nous désespère.
La beauté de tes yeux appelle le tombeau.
Le monde brinquebale et retombe en poussière.
Un espoir brille au ciel pour s'éteindre aussitôt.
Alors, à corps perdu, en une course folle,
Chacun désespéré, se cherchant une foi,
Dans l'argile et l'argent se pétrit des idoles
Qui demain ne seront que sable entre les doigts.
Ô l’affligeant tableau d’un univers sans âme,
Reniant le Céleste et son divin secours,
Miracle de la Vie, une Invisible Flamme
Dont jamais nul ne sut mesurer les contours !
Messieurs les grands savants, sachez que je révère
Vos bienfaits admirables envers l’humanité,
Mais avec Féerie, ne soyez point sévères :
Laissez-la revenir, que nous puissions rêver !
AG