Le monde irait-il mieux, si l'on parlait en vers ?
Nuit et jour, à toute heure, on chercherait la rime :
"Reprendrez-vous, ma Mie, un peu de ce dessert ?"
Les mots du quotidien tutoieraient le sublime.
On entendrait fleurir de beaux alexandrins,
Le verbe coulerait sur un tapis de roses :
"Monsieur le Percepteur, je vous paierai demain.
-Mais bien sûr, cher Ami, c'est la moindre des choses !"
L'amoureux, tel Ronsard, en quatrains enflammés,
Une main sur le cœur, s'ouvrirait à sa belle.
Les journaux publieraient en élégants sonnets,
Les bonnes, mais aussi les mauvaises nouvelles...
Je doute que le monde aille mieux pour autant...
N'est-il pas vrai pourtant qu'un peu de poésie,
Ce grain de rêve fou que l'on sème à tout vent,
C'est un souffle d'air pur, un parfum de la vie ?
AG