Isabelle habitait avec ses parents une jolie petite maison à l’orée d’une vaste forêt. Son père était bûcheron et sa mère couturière. Isabelle avait six ans. Elle était intelligente, vive, toujours joyeuse et, par-dessus tout, elle adorait les animaux.
Elle avait apprivoisé un petit écureuil : Noisette, c’était le nom qu’elle lui avait donné. Le petit animal ne manquait jamais de venir chaque matin à sa fenêtre manger les délicieux gâteaux que la fillette confectionnait à son intention. Tous les matins, c’était la fête !
« Regarde, Maman, comme il est mignon ! Il a de toutes petites mains ! » disait-elle.
Or un matin, Noisette ne vint pas. Isabelle l’attendit, l’attendit, mais en pure perte. Elle eut beau l’appeler encore et encore, l’écureuil ne donna aucun signe de vie. Folle d’inquiétude, et sans avoir pris la peine d’en avertir ses parents, elle se mit à courir en direction de la forêt. Noisette ne pouvait être que là ! Mais que lui était-il arrivé ?
La forêt recèle une foule de dangers, son père et sa mère le lui répétaient souvent, et puis surtout il y avait la Galipote, un horrible monstre dont tout le monde parlait et qui vivait là…
Mais Isabelle à cet instant n’avait qu’une idée en tête : retrouver son petit compagnon !
Elle s’avança résolument dans le sous-bois baigné de brume. Les branches mortes craquaient sous ses pas. Le soleil dardait ses premiers rayons au travers du feuillage. Une odeur de champignon s’élevait de la terre humide de rosée.
« Noisette ! Noisette ! Où es-tu ? »
Un geai, dérangé par le bruit, la frôla de son aile en poussant son cri perçant. Isabelle sursauta. Dans un fourré tout proche, il y eut comme un bruit de feuilles froissées. La fillette pressa le pas, marchant toujours au hasard. Elle arriva bientôt dans une clairière et soudain s’arrêta net.
Il lui semblait entendre un petit cri, comme une plainte dans les hautes herbes. Elle se pencha et, sous une touffe de fougères, découvrit Noisette, la patte prise dans un collet. Il gémissait en essayant vainement de se dégager. Avec mille précautions, Isabelle desserra le nœud et prit son petit ami sur son cœur. L’écureuil n’était pas blessé, il avait juste la patte endolorie. Quelle joie de l’avoir retrouvé ! Il y en eut des rires et des caresses !
« Maintenant, il faut rentrer à la maison, lui dit Isabelle, papa et maman s’inquiètent peut-être. Voyons, où suis-je passée pour venir jusqu’ici ? »
Mais tous les arbres se ressemblaient. Cette clairière était immense !
Soudain, Isabelle se souvint de la Galipote. Elle serra d’autant plus fort Noisette sur sa poitrine. Dans quelle direction aller ? Il fallait se rendre à l’évidence : elle s’était bel et bien égarée ! Une grosse larme roula sur sa joue. C’est alors qu’elle ressentit une impression étrange : on aurait dit que quelqu’un ou quelque chose l’observait !
Elle se retourna vivement et Noisette en profita pour s’échapper.
Fin de la première partie