Sur mes deux pieds, je suis urbain.
On me dit serviable et tranquille,
Mais tout change en un tournemain
Quand je suis en automobile.
Moi qui descendais du trottoir
Laissant passer la ménagère,
Qui m'effaçais dans les couloirs
Et tenais la porte aux grands-mères,
Au volant, je deviens sauvage.
Je klaxonne en toute occasion,
Frôlant les piétons au passage,
Place au seigneur du champignon !
Ce funeste dédoublement
Alerta mon ami cycliste
Qui me conseilla gentiment
De consulter un spécialiste :
"Cette maladie est connue,
Hélas, me dit l'homme de l'art,
Et si largement répandue
Que c'en est un vrai cauchemar.
Le responsable est le virus,
Hôte fréquent des habitacles,
“Furax-automobilicus”
A tout traitement qui renâcle.
Ce germe sournois, diabolique,
Vous change tout piéton normal
En l’être le plus incivique
A l’étonnement général.
Nul n’y peut rien, c’est effroyable.
Moi-même pas plus tard qu’hier
Pestais dans ma décapotable ...
Croyez-le, je n’en suis pas fier ! “
AG
Réédition de ce poème (qui n'est pas autobiographique
!)