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6 octobre 2009 2 06 /10 /octobre /2009 08:24





Quand qu’le Bon Dieu a mis les hoummes sû la pianète,     (planète)

Le s’a vit’ rendu compte qu’o y arait daus dégâts,

Alors l’a fait pousser l’pineau pi les monghettes,                 (haricots blancs)

Et l’a dounné la r’cette de la sauce aux lumas !                    (escargots)

 

Vrai qu’o y a rin d’meilleur peur soulagher les maux :

Trois douzain’ de lumas, o vous r’met l’thieur en piace,      (le cœur en place)

Ol’est coumme de l’égail qui peurfum’ les boyaux              (comme la rosée)

Et jhusque dans l’cerveau o vint vous faire daus grâces !

 

Peurnez un cent d’lumas, fasez-les ben jheûner,

Lavez-les un par un, sans casser ieur coquille.

Ac une pougnée d’grou sel, fasez-les ben baver,

Rincez, pi égouttez sû un morceau d’guenille.                     (morceau de tissu)

 

Un’ foué r’venus dans l’heule, mettez z’y le viâ haché        (huile – veau haché)

Pi la chair à saucisse, ail, peursille, échalote,                         (persil)

Tout ben copé menu, s’aghit pas d’rigoler !

Varsez-y un bout d’ègue, une assiette à calotte,                   (un peu d’eau)

 

Et surtout dau vin bian, (Bouévez-en don un coup !)           (vin blanc)

Pi mettez d’la mie d’pain. Sû la vieille thiusinière                (cuisinière)

Laissez zou mijhoter ... Dans la maison bintou,                    (bientôt)

O sentira si bon qu’les Anghes y vinront vouère !                (y viendront voir)

 

Quand qu’le Bon Dieu a mis les hoummes sû la pianète,

Le s’a vit’ rendu compte qu’o y arait daus dégâts,

Alors l’a fait pousser l’pineau pi les monghettes,

Et l’a dounné la r’cette de la sauce aux lumas !

 

AG

 

photo YG

 

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23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 18:53

Le mijet est un mets rustique saisonnier de la région Poitou-Charentes.

Il se prépare à partir de pain sec, découpé en dés, d’autant plus petits que le pain est sec. On l’arrose ensuite d’un peu d’eau et de vin, on le sucre légèrement et on le met au frais. Dans les campagnes, on le mettait au puits quelques heures afin de le rafraîchir.

On peut remplacer l’eau et le vin par du lait, et ajouter quelques fraises des bois, dont le délicat parfum n’ôte rien à la simplicité du plat. (d’après Wikipédia)

 

A la manière du grand Goulebenéze,

(  http://al.deliquet.free.fr/Bellesaintonge/TXT_vin-bian.htm  )

et sur le même air, une petite chanson en parlanghe poitevin

pour célébrer ce mets d’été peut-être un peu oublié :

 

L’ mijhet

 

refrain :

L’mijhet, l’mijhet, o vous met l’thieur en fête,

L’mijhet, l’mijhet, o vous égaye la tête,

L’mijhet, l’mijhet, o vous rend mêm’poète,

Un bol de mijhet, et vous volà sû pied !

 

I’thieur : le coeur

 

I

Quand qu’le valet se rend daus champs,

Tout acabassé d’sa jhornée,

I peux vous dir’ que l’est content,

De r’trouver tout’ la maisounnée,

Autour d’un’ grand’ piatée d’mijhet

Où qu’ chacun tire à sa façon,

Après ça, le relèv’ tout dret

Pus rose et pus frais qu’un gardon !

 

se rend : revient

acabassé : fatigué

tire : se sert

dret : droit

pus : plus

 

refrain

 

II

O y a thiau chêti Augustin

Dèpis longtemps qu’atait malade,

Le mangeait quasiment pus rin

Qu’une goulée d’pain pis d’la salade,

Mais un beau jhour, sa malaisie

Y a fait une assiettée de mijhet,

Avour ol’ vouét dans les battries

Porter les pus lourds sacs de bié !

 

thiau : ce

chêti : pauvre

goulée : bouchée

malaisie : épouse

avour : à présent

ol’ vouét : on le voit

battries : battages

bié : blé

 

refrain

 

III

 

Si tous les humains sû la Terre,

Peuviant teurtous s’mett’ à thiau mets,

Ol’est sûr qu’o y arait pus d’guerre,

Que les canons sariant rouillés,

Pace qu’o ya rin tel que l’mijhet

Peur dounner les bons sentiments,

Le devrait même êt’ remboursé,

Faut zou dire au gouvernement !

 

teurtous : tous

sariant : seraient

zou : le

 

refrain

 

***

 

Voui, mais o faut pas en abuser !!!

 

AG

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24 mai 2009 7 24 /05 /mai /2009 23:12

 

Pas de panique, la traduction est juste après !

 

Jean, un enfant du village, est parti travailler à la ville, et il a quelque peu oublié qu’il s’est élevé à la campagne. Il revient au pays et rencontre son camarade Sébastien, qui lui, est resté facteur au village (La Beurlandrie). Il s’adresse à lui en français et Sébastien lui répond en poitevin.

 



La piarde

 

« Bonjour, Sébastien !

Ta, salut, Jhean. T’es de r’tour au péyis ?

Comme tu vois. Je suis là pour le week-end.

Teurjhous à Potché ?

Oui.

Qui qu’tu yi fais asteure ?

Je suis technicien de surface. Je travaille pour la mairie de Poitiers.

Ah ! Ol’est une boun’ piace ?

Oui, oui, je gagne bien ma vie, ça va. Et toi, toujours facteur ?

Staghiaire seul’ment, mais l’travail me piait.

Tant mieux. Qu’est-ce que tu fais là ?

Tu zou voué ben : i sè à minme d’ pianter daus échalotes ! O dirait pas qu’tu t’es él’vé à la Beurlandrie !

Tu sais, nous en ville …

I m’doute ben qu’ol’en pousse point guère à Potché sû la Piace d’Armes !

Et cet outil-là, qu’est-ce que c’est ?

Qui ? Ah ! thieu ? … Attends, peux-tu thiuler un p’tit bout qu’i finisse mon rang ? Merci. »

 

Là d’ssus, Jhean thiule d’un pas, mais pose le pied sur thiel outil jhustement. L’manche yi r’vint à toute volée dans les reins.

« Aïe ! Diab’ te brûle la piarde ! Que l’Jhean s’met à dieuler.

Ah ! I zou savais ben qu’tu t’souv’nais comment qu’o s’app’lait ! qu’o yi  répond Sébastien. »

 

 

La pioche (houe)

 

« Bonjour, Sébastien !

Tiens, salut, Jean. Tu es de retour au pays ?

Comme tu vois. Je suis là pour le week-end.

Toujours à Poitiers ?

Oui.

Qu’est-ce que tu y fais en ce moment ?

Je suis technicien de surface. Je travaille pour la mairie de Poitiers.

Ah ! C’est une bonne place ?

Oui, oui, je gagne bien ma vie, ça va. Et toi, toujours facteur ?

Stagiaire seulement, mais le travail me plaît.

Tant mieux. Qu’est-ce que tu fais là ?

Tu le vois bien, je suis en train de planter des échalotes ! On ne dirait pas que tu t’es élevé à la Beurlandrie !

Tu sais, nous en ville …

Je me doute bien qu’il n’en pousse point à Poitiers sur la place d’Armes !

Et cet outil-là, qu’est-ce que c’est ?

Quoi ? Ah ! ça ? … Attends, peux-tu reculer, que je finisse mon rang ? Merci. »

 

         Là-dessus, Jean fait un pas en arrière, mais pose le pied sur cet outil justement. Le manche lui revient à toute volée dans le dos.

« Aïe ! Saleté de piarde ! crie Jean.

― Ah ! Je savais bien que tu te souvenais comment ça s’appelait ! répond Sébastien. »

 

AG

D’après une histoire qui circulait autrefois dans nos campagnes.

Si je vous la raconte, c’est pour répondre au défi lancé par Liedich, le troubadour. Mais je dois dire que tout est la faute de Fripouille, le chaton d’Angélique qui s’est fait passer pour moi, et a laissé croire … Enfin,  j’y suis bien un peu aussi pour quelque chose ! (article « Angélique »)

 

 

 

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30 janvier 2009 5 30 /01 /janvier /2009 13:57

Ol’tait une chêtie grolle qu’atait jhuchée dans l’tôjha d’un châgne cabourne  avec un froumaghe dans l’bec. Voure qu’al’ l’avait qu’ri, thieu i peux pas vous zou dire, ni si ol'tait dau roqu'fort ou un camembert !

Volà sû thiô coup qu’arriv’ un r’nard, attiré par la bounne odeur. L'air de rin, le s’met à y faire daus complliments sû sa couleur, ses pieumes  et pis tout un tas d’irimus : qu’ol’tait une jholie grolle, la pus jholie d'toutes les grolles, et pis qu’a chantait ben dezard, ben mieux qu’tous les z’aut’ z’osiâs que l'counneussait, enfin tout un bazar. Qu'o yi f 'rait grand piaizi d'lentend', peur sûr !

La grolle, qu’avait point jhamais eu d’complliments d’minme, fasait un’ drôle de goule. A se r’dressait, tu peux m'crère. Peur le r’mercier, ol’tait la moind’ daus chouses, v'ariez fait d'minme,  volà qu’al ouv’ le bec.Vous d’vinez c’qu’a pu s’passer ! Ben vite, le r’nard a fait ni une ni deux : l’a emporté l’froumaghe et pis l’est allé s’ quiapir dans une palisse peur le mangher tranthill’ment. Même pas un meurci, rin.

Thiô chêti oziâ y compeurnait rin. Ol’est  vrai qu’l’était pas ben fin !

Ol’est dèpis thiô temps qu’le monde disant, en voyant un paur' innocent : « Ta, thiô-là, l'est fin coumme une grolle ! »

 

Adaptation libre et poitevine de la fable

Alain Gautron

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28 janvier 2009 3 28 /01 /janvier /2009 06:37

 

La mairrie de Taupignac. 9h dau matin. La Lucette, la segrétaire, vint de prend' son service. Tout d'un coup, volà la porte qui s'ouv' à la volée :

 

–– Lucette, Lucette, où qu'ol'est l'maire ? Où qu'l'est, bordel de bordel ? Où qu't'es Barnabé ? I veux l'voir tout d'suite ! Ol'est grave ! Ol'est  grave ! Barnabé ! Barnabé !

–– Calmez-vous, Monsieur Gargasson, calmez-vous ! Monsieur le maire est actuellement en rendez-vous, il ne peut pas vous recevoir ...

–– Pas m'recevoir, moué Millin Gargasson, son camarade de communion ! Ah ! I veurais ben voir ça ! Où qu'ol'est thiô rendez-vous, bordel de bordel ? Barnabé ! Barnabé !

–– Asseyez-vous, il va bientôt arriver.

–– Non, i m'assit'rai pas, i veux l'voir tout d'suite ! Et pis auteurment, i va tout casser ! I va tout casser, crè fi'd'diarce  ! (L'commence à attraper une chaise).

–– Ne cassez rien, calmez-vous, calmez-vous, je vais le chercher !

–– Ah la bounne heure ! Dépêche-tou, Lucette ! Ol'est un' quession d'vie ou d'mort ! Ah! Mes drôles quelle histoire ! Quelle histoire ! (Le s'prend la tête dans les mains, mais tout d'un coup, l'se r'dresse, tout roughe.) Barnabé, bordel de bordel, où qu't'es ?

Avant qu'la Lucette aille eu l'temps de s'lever peur aller chch'er l'maire, une porte s'ouv' :

–– Qu'est-ce qui se passe don, Lucette, qu'o dieule de même ?

–– Monsieur le maire, c'est Monsieur Gargasson qui ...

–– Ah ! Barnabé, Barnabé, moun' ami, mon frère, vins à mon s'cours ! Sauve-mou ou i seus un' houmme mort !

–– Millin ? Mais enfin qui qu'tu fais là ?

–– Ah ! mon paur' Barnabé, si tu savais !

–– Tu m'as l'air dans un drôle d'état. Qui qui t'arrive don ?

–– I m'seus fait att ... att ... attaquer !

–– Attaquer ? Quand ? Où çà ?

–– Attaquer et pis voler ! A la minute ... sû la piace de l'église !

–– Ca par exemp' ! Et comment qu'ol'est arrivé ?

–– I sortais d'chez la Nicole ... I v'nais jhuste de faire dix mèt' avec ma voture ... Et pis là ... Et pis là ... Ah! I va m'trouver mal ! Volà mon diabète qui me r'prend ! Ol'est la fin ! I zou sens. Va ...  Va qu'ri' l'thiuré Barnabé ... Va ...

–– Allons, allons, assis-tou là, respire douc'ment. Là ... Qui qu't'avais bu d'abord chez la Nicole ?

–– Attends qu'i m'rappelle ...Oh pas grand'chouse. Coumme tous les matins. Sept ou huit tournées d'Pernod avec Gorgheton.

–– Bon. Respire ... Là ... Tu t'sens mieux avour ?

–– Voui, un p'tit bout.

–– Alors, qui qui t'a attaqué ?

–– Deux gars armés avec daus pistolets ...

–– A Taupignac ? Qui qu'tu racontes !

–– I t'assure ! L'avant ouvri la portière et pis l'm'avant fait descend'. I ai rin compris c'que l'm'avant dit. L'm'avant pris les quiés d'ma voture et pis tout moun' arghent ! Et pis m'volà ...(Le s'met à brailler.)

–– Comben ?

–– 90 zeuros, tout c'que i 'avais ! L'm'avant même pas laissé d'quoué m'ach'ter mon paquet d'tabac !

–– Quand même, thielle violence, al'est peurtout ! Qui qu'arait pu imaghiner ça ? Ta, même à l'école ! Honoré l'instituteur me disait hier qu l'a dû encore séparer le p'tit Paul, le drôle à la Simoune et Aurélien, le p'tit-fils à Mathurin ... Lucette, note à l'ord' du jhour dau prochain conseil municipal : vague de violence à Taupignac : comment l'érad ... Comment qu'o dit dèjhà, Lucette ?

–– Eradiquer ?

–– Volà : éradiquer ! Ol'est un jholi mot, ça. Merci ma drôllière.

–– Dis-don, Barnabé, et mes voleurs, tu y songhes à mes voleurs ? I cré ben qu'tu t'en fous, voui ! Tu laisses tomber toun'ami quand qu'l'est au bord dau sucide. Ta, i ai pus qu'à m'pend' ou ben me jh'ter dans la Beurlandine !

–– O y a pas d'eau d'thiétemps dans la Beurlandine ! Comment qu'l'étiant tes voleurs ?

–– L'étiant deux.

–– Tu m'z'as déjhà dit, mais leur âghe, comment qu'l'étiant habillés ?

–– Trente ans, habillés en bleu, tout en bleu.

–– Avec un casque sû la tête, daus bottes et un ceinturon ?

–– I crés ben ... Voui, ol'est ça. Comment qu'tu zou sais ? Tu les counnais ?

–– (Se r'tenant d'rigoler) Possib'. Essaye de t'rapp'ler de c'que l't'avant dit.

–– I m'en souvins pas ... Dis don, t'as pas un p'tit coup à bouère dans ta mairrie ? Me semb' qu'o m'remont'rait et pis qu'après o me r'vindrait mieux.

–– O peut s'faire. Vins par là.

Les volà qui passant dans la salle dau cadast'. Barnabé ouv' un buffet et sort un lit' de roughe et deux verres. Le bouévant tous deux.

–– Essaye de t'rapp'ler.

–– O y en avait un avec un grand nez. L'm'a dit ...

–– Qui que l't'a dit ?

–– Ah ! Voui : qu'i'avait pas ma ceinture !

–– Et pis, tu l'avais ?

–– Ben sûr qu'i ll'avais ! Comment qu'tu veux qu'ma thiulotte a tenne auteurment ? I y ai ben dit, mais l'a rigolé, tu penses, un voyou ! Et pis tu sais pas l'pire !

–– ...

–– Défaut d'ceinture qu l'aut' a écrit sû un papier ! Comment ? qu'i ai dit. Ma ceinture, al a pas d'défaut ! Ol'est mon p'tit Lexand' qui m'l'a dounnée peur moun' anniversaire. Tu pales d'une offense ! Le l'avait faite veni' avec le catalogue daus Trois Suisses, le chêti drôle. Et pis tu pales d'une idée, d'z'écrire sû un bout d'papier ! Ah! Là, Barnabé, i sais pas c'qui m'a r'tenu d'le caloter !

–– O v'lait mieux pas.

–– Tu t'rends compte ? I t'zou dis à toué pace que t'es l'maire et pis qu't'es moun' ami : i sons pus en sécurité nulle part, en France ! O s'fait attaquer à sa porte ! Qui que l'fazant don les ghendarmes au ieu d'couri après les voleurs ? Barnabé, me laisse pas tomber, camarade ! Emmène-mou les voir tout d'suite, que l'retrouvant thiès deux salop'ries !

 

AG 

 

 

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28 janvier 2009 3 28 /01 /janvier /2009 06:29



L'idée à la Simoune

 

Dimanche prochain 21 juillet, o y a la ballade à Taupignac, coumme tous les ans, et pis surtout la course cyclliste qui passe à la Beurlandrie, sû la nationale.

Alors la Simoune a eu une idée.

Volà déjhà longtemps qu'a rékiâme à son bounhoumme, le Bicognard, d' y ach'ter une machine à laver, mais li, l'fait la sourde oreille. Le dit qu'o coûte trop cher et pis qu'al a qu'à continuer à laver à la main, qu'o va ben d'même, que d'toute façon, ol'est un travail de fumelle de faire ça ! Ol'est pas li qui zou fait dezard ! Et thiès deux drôles, Henri et Paul qui rev'nant teurjhous d'l'école sales coumme deux gorets ! I te dis qu'a chôme pas, la Simoune, ah non ! Al a pas les deux pieds dans l'même sabot !

--Louis, qu'a y avait d'mandé encore un coup à matin, et ma machine à laver ?

--Tu m'vasses ! que l'y avait répondu. Laisse-mou tranthille avec tes grimaces ! M'en r'cause pus !

Et pis là-d'ssus l'était parti soué-disant à la pêche. I dis "soué-disant" pace thiô jhour-là, Sébastien l'facteur l'a vu rentrer chez la Jhanine. Ol'est li qui m'z'a dit. Enfin, moué, tout ça, o me r'gârde pas  !

Sû thiô coup, al'tait à bout d'nerfs, la Simoune, vous pensez. O f'llait prend' une décision, et vite. L'moument était v'nu.

Le vendredi, la volà partie à Taupignac avec sa bicykiette et sa p'tite remorque qui y sert à rapporter les commisions. Où qu'al a été ? Peursounne en a rin su, mais la Grimaude l'a vue rev'nir plusieurs foués et r'partir après avoir décharghé. Al a pas pu voir c'qu'ol'tait pace qu'o y avait une bâche sû la r'morque. Et pis a s'dépêchait, la Simoune, i vous zou garantis ! Pis qu'si les chins la couriant !

Mais l'dimanche matin, ol'a été aut' chouse ! Dès souleil levé, la volà partie : à pienes beurouettées, al'emportait daus affaires au fond d'son jhardin qui dounne sû l'bord de la grand' route : daus caisses, un parasol, une tab', daus chaises ... Un tour attendait pas l'aut'. Tout l'mond' s'y mettait, elle et ses deux drôles. Son bounhoumme, le Bicognard, li, l'y était point. Où qu'l'était ? Pas à la messe, dezard !

La Grimaude qui les voyait faire de sa cour dèpis un moument, curieuse coumme al'est, y d'mande :

--Qui qu'tu fais don avec thielle tab' et pis tout thiel attirail sû l'bord de la route ?

--I installe une buvette.

--Une buvette ?

--Voui, peur la course.

--Es-tu folle ? O faut pas faire daus chouses de même ! O y a daus papiers à faire. Tu vas avoir daus embêt'ments avec les ghendarmes, cré-mou ! Et pis peursounne vinra bouère là. Tu penses, l'èront tous chez la Nicole. L'vinront point bouère à la Beurland'rie  !

--I zou verrons ben.

--T'es folle qu'i t'dis, d'faire ça !

--Ah ! Et pis laisse-mou, i ai dau travail !

 

A midi déjhà, l'monde commenciant à arriver, avec le pique-nique et les chaises de campigne. Daus ghens qu'aviant pour de pas avoir de piace peur voir la course.

 

A la buvette, tout était prêt : sous l'parasol, la tab' était garnie d'bières, de vin et d'jhus d'fruits. En vraie patronne de bistrot, la Simoune avait mis son jholi tablier rose et fasait daus grands sourires à tout l'monde. O y avait étou ses deux drôles, Paul et Henri, ben'habillés, ben prop' peur une foué. L'seriant pas trop d'trois peur servir. L'ariant même pu êt' quat' si son bounhoumme avait v'lu v'nir. Mais o y avait pas eu moyen d'le décider. De tout' façon, l'avait dit qu'l'était pas d'accord sû l'princip' et que le v'lait pas s'en othiuper ni en entend' parler.

A deux heures, o y avait tout un'attroup'ment autour de la buvette. Et la course était même pas commencée.

 

A trois heures, le vin manquait et o y avait presque pus d'bière. Le jhus d'fruit avait disparu ; les drôles aviant tout sifflé. Ol'est vrai qu'o fasait chaud !

Comment faire ? La Simoune r'gâr'dait sa caisse : o y en avait là-d'dans daus euros ! Mais, la Simoune, vous la counnaissez ben : al'en a jhamais assez quand qu'o s'aghit d'arghent. Habillée dans la peau d'un' ours, qu'al'est, sûr que voui !

--Va à la cave, Henri, qu'a dit. Va qu'ri toutes les bouteilles que tu trouv'ras et ramène-les dans la beurouette. Et toué, Paul, va y aider, pauvre innocent, au ieu d'rester d'même  coumme un' âne !

Les drôles en avant pas eu peur longtemps. En deux temps trois mouv'ments, la tab' s'est r'trouvée couvertes de toutes sortes de bouteilles pienes de poussière et d'arentelles. Et là, mes pauv' z'amis ! Vous les ariez vus se jh'ter d'ssus coumme la misère sû l'paur' mond' ! O y avait daus ghens daus villaghes autour, Broute-Lumas, Pied d'Grole, Touche-Penon, daus ghens d'Taupignac, coumme Marcel et Gorgheton, et même de Potché ! Pis ben sûr thiès-là d'la Beurland'rie, tous pus assouéfés les uns qu'les aut' : Millin Gargasson, l'vieux Badinet, Célestin, et même daus jheunes : Sébastien , Farnand et la Marie, Gaston pis la Cécile ...

Et o y allait !

--Allez, patronne, remets-nous ça !

--Allez p'tit, rhabille-don l' drôle ! qu'o disait Gargasson.

--Dis-don, Simoune, qu'o dit Farnand, ol'est fich'trement bon ça ! Qui qu'ol'est ?

--Dau vin d'nout' production, qu'o dit la Simoune.

--O s'rait pas putout un ghenre de piquette d'agheasse ? qu'o dit Sébastien.

--Possib'.

--En tout cas, ol est bon. O y arait pas d'la gnôle étou d'dans ?

--Possib', qu'o répond la Simoune.

Al' allait d'un couté sû l'aut'. Pensez, al' avait pas l'temps d'faire la conversation.

--Pour sûr, qu'o dit Marcel, en boué-sans-soué avisé, ol'est meilleur que c'quo nous sert la Nicole !

--Sûr que voui, qu'o répond Trâlinet, l'garaghiste, qui v'nait d'arriver, et qui commençait à êt ben gai li-tou.

 

Au bout d'un moument, o restait pus rin. La course arrivait quasiment à sa fin. O y avait pus qu'un ou deux tours, mais autour de la tab', on'n'a qu'étiant pus capab' de les compter ou ben d'dire qui qu'était premier ou dernier.

Gargasson, li, parlait d' aller chercher sa bicykiette et d'faire la course, histoire de leur faire voir, à thiès jheunes bons à rin, c'que les vieux aviant encore dans les mollets.

Marcel et Gorgheton s'étiant mis à danser sû l'milleu d'la route et Célestin chantait "La Madelon".

Une dizaine de pochards de Touche-Penon s'étiant mis à danser eux tou, tous pus avinés les uns qu'les aut'.

Ol'a f'lu arrêter la course pace que plusieurs s'étaient affalés sû l'goudron et peuviant pus s'rel'ver.

Le maire Barnabé Galurin et le ghendarmes sont v'nus. L'avant fait circuler tout l'monde et embarqué la Simoune avec ses euros. Al'est r'sortie d'la ghendarmerie que l'soir.

Mais le lend'main, dans l'jhournal local "La feuille de chou de Taupignac', volà c'qu'o peuvait lire en première page :

BUVETTE SAUVAGE A LA BERLANDERIE

 

Simone, une femme courageuse a organisé dimanche dernier au lieu-dit "La Berlanderie" une buvette sauvage le long du passage de la course cycliste afin de pouvoir s'acheter un lave-linge destiné au ménage.

(...)

Ainsi, pour assurer à ses deux enfants une hygiène décente, Simone, en mère exemplaire qu'elle est,  n'a pas hésité à payer de sa personne et à braver la loi. Que son geste héroïque nous soit un exemple, à nous les femmes ! Femmes opprimées de tous les pays, unissez-vous !

Simone, nous te disons bravo et courage !

Signé : Martine Martin, présidente de l'OFLT*

 

*Organisation des Femmes Libérées Taupignacoises

 

D'un coup, la Simoune est dev'nue célèb'. Daus jhournalistes sont v'nus la voir. Al'a causé à la télé, aux actualités réghionales et même  à Tééfin !

Mais coumme o y avait dit la Grimaude, al'a eu thièques embêt'ments quand même et pis une amende, ben sûr. O fait pas daus chouses de même. Mais vous zou crérez si vous v'lez : l'amende, ol'est l'OFLT qui l'a payée ! "Une action militante" qu'ol a dit la femme dau maire, la Pauline Galurin, qu'est trésorière de l'association ( et même qu'à Barnabé, o y fait pas piaizi qu'sa femme s'othiupe de ça, mais paraîtrait qu'l'a rin a à dire, qu'ol'est pas li qui porte la thiulotte à la maison !  ).

Avec les euros d'la buvette, la Simoune a pu s'ach'ter une machine à laver toute moderne, même qu'o y reste encore de l'arghent, et avour, vous savez pas la nouvelle ?

Volà qu'a parl' d'ouvrir un bistrot dans l'villaghe !

 

AG

 

 

 

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28 janvier 2009 3 28 /01 /janvier /2009 06:10

Le poitevin-saintongeais, ou parlanjhe, est une appellation qui désigne un ensemble de langues de la famille des langues d'oïl. Il englobe l'ensemble linguistique d’entre Loire et Gironde, réunissant parlers poitevins et saintongeais.

Les textes publiés ici sont écrits en parlanjhe du sud Vienne. Je n’utilise pas de graphie particulière, essayant de me rapprocher simplement au plus près de la prononciation originale, celle que j’ai entendue dans mon enfance.

Bonne lecture !

AG

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Bonjour Et Bienvenue !

  • : La Plume Bleue
  • : La Plume bleue est un blog de poèmes et nouvelles écrits simplement au fil des jours, de l'actualité, des événements de la vie. Vous y trouverez également des textes en "parlanjhe" poitevin. Bonne visite !
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Bonjour et bienvenue !

Alain GAUTRON    

 

 

Mon second blog :

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Fables et écrits courts

 

 

 

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dessin PG 01

 

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  "La prose de la vie nous permet de survivre.

Mais vivre, c'est vivre poétiquement."

 

Stéphane HESSEL

(Le chemin de l'espérance)

 

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couverture

 

70 fables en vers

illustrées de photos en noir et blanc

par Yveline  (yg86)

150 pages

 

Ed. : TheBookEdition

 

Dans la rubrique "Rechercher un livre"

taper : FABLES

 

 

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à Line


Rechercher


L'homme d'un seul livre,

comment peut-il être libre ?

 

 

"Que la jeunesse y prenne garde !

Qu'elle n'aliène jamais sa conscience au bénéfice d'un parti, d'une idéologie, d'un homme !"

André Frossard


"La pollution de la planète n'est qu'un reflet extérieur d'une pollution psychique intérieure, celle de millions d'individus inconscients qui ne prennent pas la responsabilité de leur vie intérieure." Eckhart Tolle

Aplumedor

Merci Line

 

 

gentillesse

 

Merci Sonya


 

Blog d'or
décerné par Lee Rony
le 30/07/09
Je le remercie
très chaleureusement.





Coeur de l'Amitié
Merci à
Bilitis
et Channig



Certificat
s
Merci à
Didier


certificat
prix-2010

Merci Emma

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Merci Sissi
plume bleue

PARLANGHE POITEVIN

 

 


L’imaginaire hameau de La Beurlandrie, de la non moins imaginaire commune de Taupignac, véritable petit « Cloche-Merle » du Poitou, nous livre ici tous ses secrets. Dans une suite de courtes histoires reliées un peu à la manière d’un roman, l’auteur nous raconte, dans une langue truculente, les dires, les faits et gestes, les espoirs et les déboires de La Jheanne, La Simoune, Le Bicognard, La Grimaude, le thiuré, Sébastien l’facteur, et pi bin d’autes…
Alain Gautron est né en 1948 et a passé toute son enfance à Charroux. Dans ses textes, il retrouve son parler familial, le poitevin méridional commun au sud-Civraisien (sud de la Vienne) et au Ruffécois (Charente poitevine). — Préface d’Yves Gargouil, maire de Charroux et vice-président du Conseiller général de la Vienne.
En fin d’ouvrage, Eric Nowak propose une petite étude sur la langue de l’auteur, et la resitue dans l’ensemble poitevin et saintongeais.

Editions PyréMonde juillet 2009

 

Vient de paraître :

 

 

Patois 01 Nowak

 

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Tour Charlemagne

Catégories

Merci de votre visite !

 

 

 

rose notes

 

 


DIFFERENCES


Toi qui repousses l'étranger,

A son encontre qui fulmines,

Pourrais-tu, plutôt que juger,

Considérer tes origines ?

 

Notre Histoire est un long voyage ...

Les peuples ont mêlé leur sang.

Aberration, ce "Pur Lignage",

Celui dont tu te dis l'enfant !

 

N'es-tu pas Celte ou  fils de Rome,

D'Afrique, berceau des Humains,

Etre cosmopolite en somme,

Riche de tes parents lointains ?

 

Rien ici-bas n'est étranger,

Et si la haine fait recette,

C'est que notre oeil est abonné ...

Au petit bout de la lorgnette !

 

Mille couleurs et  non l'unique

Font tout le charme d'un décor.

Pourrait-on parler de musique

S'il n'existait qu'un seul accord ?

 

Ce sang qui coule dans nos veines

Porte en lui tous les souvenirs

De la grande Famille Humaine

Et tant d'Amour qui veut grandir !

 

Toi qui repousses l'étranger,

A son encontre qui fulmines,

Pourrais-tu, plutôt que juger,

Considérer tes origines ?

 

AG

A bientôt !

 

oiseau de l'amitié

 

 


couronne noel








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Ferrat 03

 

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