Chaque instant de la vie

Est comme un renouveau

Où le temps nous convie

Est un pays nouveau.

Au détour du chemin :

Mais quel est ce visage ?

Ce signe de la main ?

Cet autre paysage ?

Je demeure interdit.

L’inconnu me désarme,

Mais une voix me dit :

“Allons, foin des alarmes,

Il faut marcher toujours !”

J’invoque mon Etoile,

Implorant son secours.

Qui, douce, me dévoile

En mots secrets, tout bas,

Le possible passage

Qui convienne à mon pas.

Vivre, c’est un voyage !

AG

De nos têtes humaines,

Pareilles aux volcans,

L'ignorance, la haine

Fusent  aux quatre vents :

Petites, grandes guerres

Dont nous sommes friands

Recouvrent notre Terre

D’un  nuage effrayant

Qui la glace de nuit,

L'aveugle, la bouscule,

Tourmente  sans répit

Ses moindres molécules...

En cette obscurité,

Sa belle âme chancelle,

Prend l'hiver pour l'été,

L'aigle pour l'hirondelle ...

Au hasard, titubant,

Voici qu'elle importune

Ses monts, ses océans,

Et même aussi ... la Lune !

A leur tour  ébranlés,

Ceux-là se précipitent.

Par l'alarme affolés,

Tous à grand bruit s'agitent,

Ravageant les villages,

Tuant bêtes et gens,

Causant mille dommages,

A leur corps défendant ...

Car, privé de ses yeux,

Notre Astre déraisonne.

On en  blâme les dieux,

Et  nul ne s'en étonne !

AG

-Drôle d’oiseau !

dit l’oiseau,

 en voyant le poète.

-Et pourquoi, je te prie ?

 demanda ce dernier.

-Juste avec cette plume,

 prétends-tu donc voler ?

-Bien sûr, dit le poète,

 je vole avec les mots.

-En voilà une idée !

 Mais les mots n’ont pas d’ailes !

-Là n’est pas la question,

 Tout est dans la technique.

 Tiens, j’écris : “arc-en-ciel”.

 Tu le vois ?

         -Je le vois.

-Puis j’y dépose un mot …

 Lequel désires-tu ?

-“Un bonheur”, dit l’oiseau,

 ayant bien réfléchi.

-Parfait. Nous y voilà !

D’un seul coup d’aile aux nues,

Glissant sur l’arc-en-ciel,

Le bonheur s’envola.

Vous auriez vu l’oiseau

Voler à ses côtés !

Comme ils étaient heureux !

Le poète sourit.

On était au printemps.

AG

photo internet

Ce gentil attardé par pitié qu’on tolère,

Que l’ignorant dénigre d’un rire moqueur,

Se demandant s’il est utile sur la Terre.

Quand par bonheur la Muse entend guider sa plume,

Il est celui qui crée avec les mots du cœur,

Au plus profond des nuits, de grands feux qui s’allument,

Mêlant leur symphonie à de célestes chœurs.

AG

En bouquets de notes fleuries,

Dans l'air bleu d’un nouveau matin,

Entendez-vous la symphonie

Que le Printemps donne au jardin ?

Devinez-vous sous le feuillage

L'archet de mille musiciens,

Comme à l'envers du paysage,

La baguette d'un Magicien ?

La Nature  qui se réveille

Ivre de parfums, de couleurs,

Dispense en tous lieux ses merveilles,

Nous éblouit de sa splendeur.

A ce prodigieux mystère,

En notre coeur s'épanouit

Une aurore dont la lumière

Sublime l'être et le ravit.

AG