La Plume bleue est un blog de poèmes et nouvelles écrits simplement au fil des jours, de l'actualité, des événements de la vie. Vous y trouverez également des textes en "parlanjhe" poitevin. Bonne visite !
Arnaud de Thorcillac, Martin de Salzert, Giraud de Bolin... En ce temps-là, dans nos campagnes, de nombreuses familles portaient le même patronyme, aussi, pour bien identifier la personne dont il était question dans la conversation, lui associait-on le nom de son village*. Cela donnait de très beaux noms à particule, et qui sonnaient bien ! "Aristos de la pioche", comme l'écrivait Fombeure, belle et fière noblesse de la terre par qui sont nourris les hommes...
On ne disait pas d'untel :"il est paysan, ou agriculteur", mais : "il est à la terre", ce qui voulait tout dire ! Hommes et femmes au grand cœur, durs à la peine, aux bras noueux, à la peau tannée par les travaux au grand air, à l'âme chevillée à leur sol, comme j'aimerais leur rendre l'hommage qui leur est dû !
Ils se levaient tôt et regardaient le ciel. Pas besoin de bulletin météo, ils savaient sans se tromper le temps qu'il allait faire. C'était d'ailleurs un sujet de conversation de première importance, car d'une bonne pluie pouvait dépendre l'avenir de la récolte ; une sécheresse malvenue, et tout était gâté.
Lors des grands travaux, battages, vendanges, cuisine du cochon... toutes les familles s'entraidaient, et chacun y trouvait son compte.
On ne s'absentait guère que pour aller aux foires. On ne partait pas en vacances, comme les gens de la ville, car il y avait les bêtes dont il fallait s'occuper, les cultures qui demandaient des soins continuels. La vie se déroulait en semi-autarcie, alors il y avait toujours à faire,
Un dimanche après-midi, on voyait arriver un parent ou un ami de passage, tout simplement, sans prévenir, c'était l'habitude. On lui tendait tout de suite une chaise et pendant que chacun racontait les nouveautés, la maîtresse de maison allait au buffet sans rien dire, en tirait les petits verres à pied et la bouteille de "goutte", en général de l'eau de vie maison, sans oublier une petite liqueur pour les dames s'il y en avait...
Et le tic-tac de la pendule rythmait les journées. Au fil des saisons voguait l'âme du village...
AG
*village : ici pris dans le sens de hameau
Dessin : auteur inconnu