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La Plume bleue est un blog de poèmes et nouvelles écrits simplement au fil des jours, de l'actualité, des événements de la vie. Vous y trouverez également des textes en "parlanjhe" poitevin. Bonne visite !

Gargasson a été attaqué

 

La mairrie de Taupignac. 9h dau matin. La Lucette, la segrétaire, vint de prend' son service. Tout d'un coup, volà la porte qui s'ouv' à la volée :

 

–– Lucette, Lucette, où qu'ol'est l'maire ? Où qu'l'est, bordel de bordel ? Où qu't'es Barnabé ? I veux l'voir tout d'suite ! Ol'est grave ! Ol'est  grave ! Barnabé ! Barnabé !

–– Calmez-vous, Monsieur Gargasson, calmez-vous ! Monsieur le maire est actuellement en rendez-vous, il ne peut pas vous recevoir ...

–– Pas m'recevoir, moué Millin Gargasson, son camarade de communion ! Ah ! I veurais ben voir ça ! Où qu'ol'est thiô rendez-vous, bordel de bordel ? Barnabé ! Barnabé !

–– Asseyez-vous, il va bientôt arriver.

–– Non, i m'assit'rai pas, i veux l'voir tout d'suite ! Et pis auteurment, i va tout casser ! I va tout casser, crè fi'd'diarce  ! (L'commence à attraper une chaise).

–– Ne cassez rien, calmez-vous, calmez-vous, je vais le chercher !

–– Ah la bounne heure ! Dépêche-tou, Lucette ! Ol'est un' quession d'vie ou d'mort ! Ah! Mes drôles quelle histoire ! Quelle histoire ! (Le s'prend la tête dans les mains, mais tout d'un coup, l'se r'dresse, tout roughe.) Barnabé, bordel de bordel, où qu't'es ?

Avant qu'la Lucette aille eu l'temps de s'lever peur aller chch'er l'maire, une porte s'ouv' :

–– Qu'est-ce qui se passe don, Lucette, qu'o dieule de même ?

–– Monsieur le maire, c'est Monsieur Gargasson qui ...

–– Ah ! Barnabé, Barnabé, moun' ami, mon frère, vins à mon s'cours ! Sauve-mou ou i seus un' houmme mort !

–– Millin ? Mais enfin qui qu'tu fais là ?

–– Ah ! mon paur' Barnabé, si tu savais !

–– Tu m'as l'air dans un drôle d'état. Qui qui t'arrive don ?

–– I m'seus fait att ... att ... attaquer !

–– Attaquer ? Quand ? Où çà ?

–– Attaquer et pis voler ! A la minute ... sû la piace de l'église !

–– Ca par exemp' ! Et comment qu'ol'est arrivé ?

–– I sortais d'chez la Nicole ... I v'nais jhuste de faire dix mèt' avec ma voture ... Et pis là ... Et pis là ... Ah! I va m'trouver mal ! Volà mon diabète qui me r'prend ! Ol'est la fin ! I zou sens. Va ...  Va qu'ri' l'thiuré Barnabé ... Va ...

–– Allons, allons, assis-tou là, respire douc'ment. Là ... Qui qu't'avais bu d'abord chez la Nicole ?

–– Attends qu'i m'rappelle ...Oh pas grand'chouse. Coumme tous les matins. Sept ou huit tournées d'Pernod avec Gorgheton.

–– Bon. Respire ... Là ... Tu t'sens mieux avour ?

–– Voui, un p'tit bout.

–– Alors, qui qui t'a attaqué ?

–– Deux gars armés avec daus pistolets ...

–– A Taupignac ? Qui qu'tu racontes !

–– I t'assure ! L'avant ouvri la portière et pis l'm'avant fait descend'. I ai rin compris c'que l'm'avant dit. L'm'avant pris les quiés d'ma voture et pis tout moun' arghent ! Et pis m'volà ...(Le s'met à brailler.)

–– Comben ?

–– 90 zeuros, tout c'que i 'avais ! L'm'avant même pas laissé d'quoué m'ach'ter mon paquet d'tabac !

–– Quand même, thielle violence, al'est peurtout ! Qui qu'arait pu imaghiner ça ? Ta, même à l'école ! Honoré l'instituteur me disait hier qu l'a dû encore séparer le p'tit Paul, le drôle à la Simoune et Aurélien, le p'tit-fils à Mathurin ... Lucette, note à l'ord' du jhour dau prochain conseil municipal : vague de violence à Taupignac : comment l'érad ... Comment qu'o dit dèjhà, Lucette ?

–– Eradiquer ?

–– Volà : éradiquer ! Ol'est un jholi mot, ça. Merci ma drôllière.

–– Dis-don, Barnabé, et mes voleurs, tu y songhes à mes voleurs ? I cré ben qu'tu t'en fous, voui ! Tu laisses tomber toun'ami quand qu'l'est au bord dau sucide. Ta, i ai pus qu'à m'pend' ou ben me jh'ter dans la Beurlandine !

–– O y a pas d'eau d'thiétemps dans la Beurlandine ! Comment qu'l'étiant tes voleurs ?

–– L'étiant deux.

–– Tu m'z'as déjhà dit, mais leur âghe, comment qu'l'étiant habillés ?

–– Trente ans, habillés en bleu, tout en bleu.

–– Avec un casque sû la tête, daus bottes et un ceinturon ?

–– I crés ben ... Voui, ol'est ça. Comment qu'tu zou sais ? Tu les counnais ?

–– (Se r'tenant d'rigoler) Possib'. Essaye de t'rapp'ler de c'que l't'avant dit.

–– I m'en souvins pas ... Dis don, t'as pas un p'tit coup à bouère dans ta mairrie ? Me semb' qu'o m'remont'rait et pis qu'après o me r'vindrait mieux.

–– O peut s'faire. Vins par là.

Les volà qui passant dans la salle dau cadast'. Barnabé ouv' un buffet et sort un lit' de roughe et deux verres. Le bouévant tous deux.

–– Essaye de t'rapp'ler.

–– O y en avait un avec un grand nez. L'm'a dit ...

–– Qui que l't'a dit ?

–– Ah ! Voui : qu'i'avait pas ma ceinture !

–– Et pis, tu l'avais ?

–– Ben sûr qu'i ll'avais ! Comment qu'tu veux qu'ma thiulotte a tenne auteurment ? I y ai ben dit, mais l'a rigolé, tu penses, un voyou ! Et pis tu sais pas l'pire !

–– ...

–– Défaut d'ceinture qu l'aut' a écrit sû un papier ! Comment ? qu'i ai dit. Ma ceinture, al a pas d'défaut ! Ol'est mon p'tit Lexand' qui m'l'a dounnée peur moun' anniversaire. Tu pales d'une offense ! Le l'avait faite veni' avec le catalogue daus Trois Suisses, le chêti drôle. Et pis tu pales d'une idée, d'z'écrire sû un bout d'papier ! Ah! Là, Barnabé, i sais pas c'qui m'a r'tenu d'le caloter !

–– O v'lait mieux pas.

–– Tu t'rends compte ? I t'zou dis à toué pace que t'es l'maire et pis qu't'es moun' ami : i sons pus en sécurité nulle part, en France ! O s'fait attaquer à sa porte ! Qui que l'fazant don les ghendarmes au ieu d'couri après les voleurs ? Barnabé, me laisse pas tomber, camarade ! Emmène-mou les voir tout d'suite, que l'retrouvant thiès deux salop'ries !

 

AG 

 

 

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C
oK je surveillerai tes prochaines histoires.....Kénavo ha Pokoùbras (en breton ça veut à peu près dire la même chose que toi : Al'arvou"yure........... 
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A
<br /> Merci. A bientôt, après une pause.<br /> <br /> <br />
C
Une bonne partie de l'après-midi de samedi je l'ai passée à lire ta série en patois poitevin !!! franche rigolade....et je peux te dire que ça fait du bien. Je suis bretonne et je ne connais pas ce patois. De temps en temps je demande à mon compagnon (charentais) de me dire quelques phrases en patois charentais qui est sensiblement le même que celui-là et ça me fait rire.... Merci aussi pour ce bon moment !!!Bises 
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A
<br /> Oui, les deux patois se ressemblent. Je suis bien content que cela t'ait fait passer un moment agréable. A l'avenir, il faudra que je publie d'autres histoires. Il y en a une bonne trentaine !<br /> Al'arvouéyure , i t'bighe ! (A bientôt, bisou)<br /> <br /> <br />
M
hihi trop drole ^^
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