La Plume bleue est un blog de poèmes et nouvelles écrits simplement au fil des jours, de l'actualité, des événements de la vie. Vous y trouverez également des textes en "parlanjhe" poitevin. Bonne visite !
- Bonjour Monsieur, excusez-moi de vous déranger. Vous êtes monsieur Poucet ?
- Alphonse Poucet, c’est moi. Qu’est-ce que vous voulez ?
- Je me présente : Mademoiselle Neige, assistante sociale.
- Assistante sociale ? Vous me paraissez bien jeune pour être assistante sociale !
- Sans doute, mais vous connaissez le proverbe : “Aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas …”
- Je sais, je sais. C’est pas parce qu’on est pauvre qu’on est inculte ! Bon, pourquoi vous êtes là ?
- Monsieur Poucet, il paraît que vous maltraitez vos enfants ?
- Qui vous a dit ça ? Je parie que c’est cette vieille chouette de Mère Michel !
- C’est elle en effet qui a téléphoné au bureau.
- Et qu’est-ce qu’elle vous a dit ?
- D’abord que c’est vous qui lui avez pris son chat et ensuite que vous avez essayé de perdre vos enfants dans la forêt ! Elle vous a vus !
- Ah ! C’est donc ça ! Pour le chat, je ne dis pas, mais …
- Je me fiche du chat, Monsieur Poucet ! Mais est-il vrai que vous avez voulu perdre vos enfants ? Répondez !
- Ben, oui, c’est vrai. Même qu’il faudra qu’on recommence parce que ça a raté la première fois !
- Quoi ? Vous vous rendez compte de ce que vous dites ? C’est très grave !
- Ben peut-être, mais moi je n’y peux rien !
- Comment ça ?
- Ben non. L’auteur a écrit le conte comme ça, on ne peut pas le changer ! Vous l’avez lu, au moins, le conte, avant de venir ?
- Heu, non. Je suis nommée seulement depuis hier.
- Je comprends mieux ! … Tiens, tiens, voilà notre petit dernier ! Approche, mon petit, n’aie pas peur. Dis bonjour à la demoiselle.
- Je n’ai pas peur. Bonjour Mademoiselle !
- Bonjour. Comment t’appelles-tu ?
- Lepetit, Mademoiselle.
- Lepetit … c’est ton prénom ?
- Ben oui. Lepetit Poucet. Et vous, je parie que vous vous appelez Blanche.
- Mais oui. Comment as-tu deviné ?
- Vous savez, Mademoiselle, ce n’est pas parce que je suis son père, mais ce petit-là est d’une intelligence supérieure et très en avance pour son âge ! Tout le monde le dit.
- Dis-moi, Lepetit, je suis assistante sociale et …
- Ne vous fatiguez pas, j’ai tout entendu. J’étais caché derrière la porte, une vieille habitude ... Laisse-nous, papa, si tu veux bien, j’ai à discuter avec Mademoiselle !
- Bon, comme tu voudras, je vous laisse. Au revoir Mademoiselle.
- Au revoir Monsieur Poucet ... Alors, Lepetit, qu’as-tu à me dire ?
- Mademoiselle Neige, ne vous faites aucun souci, je vous assure que tout va s’arranger à la fin.
- Ah bon ? Comment le sais-tu ?
- Ben parce que j’ai lu le conte, tiens ! Alors, la fin, moi, je la connais ! Mais ne parlons plus de ça … Dites, je peux vous appeler Blanche ?
- Mais bien sûr si cela te fait plaisir.
- Vous êtes drôlement jolie ! Et vos cheveux, ce qu’ils sont beaux ! Ça vous dirait de venir prendre un café avec moi à la taverne de Peau d’Ane ? C’est juste après la clairière. Ça tombe bien, aujourd’hui, c’est le jour où elle fait des gâteaux ! Et puis après, si vous voulez, on pourra danser ! D’accord ?
PAN !
C’est le bruit que firent les cinq doigts de Blanche Neige sur la joue du petit effronté qui se sauva en courant sans demander son reste.
- Quelle famille !
Telles furent les paroles définitives qu’elle prononça en quittant la maison.
AG