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La Plume bleue est un blog de poèmes et nouvelles écrits simplement au fil des jours, de l'actualité, des événements de la vie. Vous y trouverez également des textes en "parlanjhe" poitevin. Bonne visite !

Dialogue en poitevin

 

Pas de panique, la traduction est juste après !

 

Jean, un enfant du village, est parti travailler à la ville, et il a quelque peu oublié qu’il s’est élevé à la campagne. Il revient au pays et rencontre son camarade Sébastien, qui lui, est resté facteur au village (La Beurlandrie). Il s’adresse à lui en français et Sébastien lui répond en poitevin.

 



La piarde

 

« Bonjour, Sébastien !

Ta, salut, Jhean. T’es de r’tour au péyis ?

Comme tu vois. Je suis là pour le week-end.

Teurjhous à Potché ?

Oui.

Qui qu’tu yi fais asteure ?

Je suis technicien de surface. Je travaille pour la mairie de Poitiers.

Ah ! Ol’est une boun’ piace ?

Oui, oui, je gagne bien ma vie, ça va. Et toi, toujours facteur ?

Staghiaire seul’ment, mais l’travail me piait.

Tant mieux. Qu’est-ce que tu fais là ?

Tu zou voué ben : i sè à minme d’ pianter daus échalotes ! O dirait pas qu’tu t’es él’vé à la Beurlandrie !

Tu sais, nous en ville …

I m’doute ben qu’ol’en pousse point guère à Potché sû la Piace d’Armes !

Et cet outil-là, qu’est-ce que c’est ?

Qui ? Ah ! thieu ? … Attends, peux-tu thiuler un p’tit bout qu’i finisse mon rang ? Merci. »

 

Là d’ssus, Jhean thiule d’un pas, mais pose le pied sur thiel outil jhustement. L’manche yi r’vint à toute volée dans les reins.

« Aïe ! Diab’ te brûle la piarde ! Que l’Jhean s’met à dieuler.

Ah ! I zou savais ben qu’tu t’souv’nais comment qu’o s’app’lait ! qu’o yi  répond Sébastien. »

 

 

La pioche (houe)

 

« Bonjour, Sébastien !

Tiens, salut, Jean. Tu es de retour au pays ?

Comme tu vois. Je suis là pour le week-end.

Toujours à Poitiers ?

Oui.

Qu’est-ce que tu y fais en ce moment ?

Je suis technicien de surface. Je travaille pour la mairie de Poitiers.

Ah ! C’est une bonne place ?

Oui, oui, je gagne bien ma vie, ça va. Et toi, toujours facteur ?

Stagiaire seulement, mais le travail me plaît.

Tant mieux. Qu’est-ce que tu fais là ?

Tu le vois bien, je suis en train de planter des échalotes ! On ne dirait pas que tu t’es élevé à la Beurlandrie !

Tu sais, nous en ville …

Je me doute bien qu’il n’en pousse point à Poitiers sur la place d’Armes !

Et cet outil-là, qu’est-ce que c’est ?

Quoi ? Ah ! ça ? … Attends, peux-tu reculer, que je finisse mon rang ? Merci. »

 

         Là-dessus, Jean fait un pas en arrière, mais pose le pied sur cet outil justement. Le manche lui revient à toute volée dans le dos.

« Aïe ! Saleté de piarde ! crie Jean.

― Ah ! Je savais bien que tu te souvenais comment ça s’appelait ! répond Sébastien. »

 

AG

D’après une histoire qui circulait autrefois dans nos campagnes.

Si je vous la raconte, c’est pour répondre au défi lancé par Liedich, le troubadour. Mais je dois dire que tout est la faute de Fripouille, le chaton d’Angélique qui s’est fait passer pour moi, et a laissé croire … Enfin,  j’y suis bien un peu aussi pour quelque chose ! (article « Angélique »)

 

 

 

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S
<br /> <br /> C'est quoi une piarde? Est-ce un rateau?<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Le mot français qui correspond est "une houe". On s'en servait pour tracer les sillons, arracher les pommes de terre ... Elle se compose d'un manche et d'un fer assez large et recourbé.<br /> Evidemment, si on marche dessus ... <br /> <br /> <br /> <br />
L
Ca m'a fait vraiment plaisir de lire ces petites histoires en patois. Ma grand-mere le parle et malheureusement, je ne fais que le comprendre, ce qui n'est pas si mal que ca, non ?Merci.
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A
<br /> Non, en effet, ce n'est pas mal du tout ! J'essaie pour ma part d'écrire un peu en patois pour garder quelques souvenirs. Merci de ton passage qui me fait bien plaisir.<br /> Amitiés<br /> <br /> <br />
M
jolie histoire des gens de campagne et ceux de la "ville"....bon dimanche et à bientôt
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A
<br /> Bon dimanche également.<br /> Amitiés<br /> <br /> <br />
I
Ma maman était du marais poitevin, malheureusement, patois qui ne s'est pas transmis au travers des générations. Merci pour la traduction. bon W.E
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A
<br /> <br /> Le patois de la Vienne n'est plus parlé que par certaines personnes âgées, et encore, bien des mots se sont perdus. C'est bien dommage.<br /> <br /> <br /> <br />
L
Bonjour, en fait, on retrouve assez bien le sens. Quand on le lit écrit car je suis persuadé qu'au parler, cela doit se corser grandement. J'ai connu cela il y a très longtemps en Auverge.Par contre, l'outil ne doit pas être en bois très dur car tu ne parles même pas de douleur or !!!!Dis moi quand même si ce patois reste très utilisé ou a tendance à disparaître.Bon, merci Alain.
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A
<br /> <br /> Le patois poitevin ou parlanjhe n'est plus du tout utilisé par la génération actuelle. Seuls les anciens le parlent, les personnes de 70/80 ans. J'essaie de conserver un peu de cette tradition en<br /> faisant revivre l'ambiance des villages d'autrefois au travers d'histoires qui vont être bientôt publiées. Et puis c'est aussi un hommage à mes parents, à la terre, à mon village. Tu vois, le<br /> truc sentimental, quoi ! Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />