La poule naine
Demain,c'est Noël ! Nicolas se réveille dans son petit lit et songe aux cadeaux qu'il va recevoir : un dictionnaire et puis des livres sur les animaux. Il a six ans, et les livres, c'est sa passion. Il peut rester des heures dans sa chambre à regarder les images, et maintenant qu'il commence à savoir lire, c'est encore pire !
Mais ce matin-là, quelque chose d'extraordinaire est arrivé . Tout à coup, les parents, dans la chambre voisine, ont entendu Nicolas pleurer et pousser de grands cris. Vite, ils sont accourus voir ce qui se passait : Nicolas tenait dans ses mains un petit livre et répétait en hurlant :
-Où elle est ma poule naine ? Où elle est ma poule naine ?
-Qu'est-ce que tu dis, Nicolas ? lui demanda sa mère. Elle est là, ta poule naine, sur ton livre !
Mais lui ne répondait rien et continuait à hurler :
-Où elle est ma poule naine ? Où elle est ma poule naine ?
C'est alors que les parents ont compris le drame : figurez-vous que sur la couverture du livre, l'image de la poule avait disparu ! Il y avait bien encore le titre : "Poussinette, la poule naine", mais rien d'autre, la page était toute blanche !
-Ah ça ! s'écria le père, c'est de la sorcellerie !
-Veux-tu te taire, dit la mère, en faisant le signe de croix, on ne dit pas de telles choses la veille de Noël !
Il faut dire que ce livre, "Poussinette, la poule naine", c'est le préféré de Nicolas. Tous les soirs, son père ou sa mère doivent lui lire l'histoire avant qu'il s'endorme. Ensuite, il place le livre à côté de son oreiller, toujours à la même place. Il dit que Poussinette lui tient compagnie la nuit et qu'elle monte la garde, au cas où des méchants cauchemars voudraient l'attaquer.
Là, c'était plus fort que tout ! Devant une telle situation, les parents étaient désemparés. Ils avaient beau parler à Nicolas des cadeaux qu'il allait avoir, du dictionnaire, des livres d'animaux, du sapin dans la salle à manger, rien n'y faisait. Il n'avait que ces mots à la bouche :
-Où elle est ma poule naine ? Où elle est ma poule naine ?
Le père a téléphoné au libraire pour lui demander s'il avait encore le livre. On lui a répondu que tout avait été vendu.
La journée a été épouvantable. Au souper, Nicolas n'a presque rien mangé, puis est parti se coucher. Il n'a pas voulu qu'on lui lise d'histoire. Prostré sous les couvertures, il tenait serré contre lui le petit livre.
Au bout d'un moment, à force de pleurer, Nicolas a commencé à se sentir bizarre. Il lui semblait qu'il rapetissait. Mais oui, il devenait de plus en plus petit, si bien que maintenant, le livre lui paraissait aussi haut que la Tour Eiffel ! Devant lui se dressait une étrange palissade faite de grands piquets tout noirs. Nicolas s'approcha.
(Il faut que je vous explique : ce que Nicolas prenait pour une palissade était en fait le code barre du livre situé au bas de la quatrième de couverture de son livre.)
Comme il était tout petit, Nicolas écarta les piquets qui étaient mous comme du caoutchouc et se faufila au travers.
(Fin de la première partie)
AG