Vous dites qu’il ne sert à rien ?

J’affirme qu’il fleurit le monde,

Car lorsque le vers sonne bien,

Son chant perce la nuit profonde,

Habille d’or le lourd chagrin,

L’élan du cœur de perles fines,

Au sein du merveilleux jardin

Qu’ardente, la Muse dessine.

Mille couleurs s’épanouissent

Où le noir même a sa splendeur …

Poète, remplis ton office,

Fais de nos vies un champ de fleurs !

AG

J’ai demandé à la tomate

La permission de la cueillir ...

Cela peut-être vous épate,

Mais je n’ai pas à en rougir !

Elle aurait pu, la chose arrive,

En dépit du soin, de l’engrais,

Etre malade ou bien chétive.

Mais non, elle est belle à souhait !

La remerciant de surcroît,

Tout en la prenant, je demeure

Respectueux, et croyez-moi,

Elle m’en a paru meilleure !

AG

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Il s’était mis en tête

D’apprendre à lire au chat.

L’animal, pas si bête,

Au mieux se comporta :

Après un mois d’efforts,

Il lisait Lamartine,

Récitait du Paul Fort

Assis dans la cuisine,

Faisant l’admiration

De tout le voisinage !

Il fut même question

Pour lui de mariage

A la fille du roi

Princesse fort jolie ...

On écoutait sa voix

Jusqu’à l’Académie !

Son maître, quant à lui,

Au dire des gazettes,

A la chasse aux souris

Sillonne la planète.

AG

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Visitant un château ruiné du Moyen Age,

Un fulgurant éclair traversa mon esprit :

Que seront dans mille ans, passés tous les outrages

Des hommes et du temps, nos cités d’aujourd’hui ?

Je vis les pieds rouillés de notre Tour Eiffel

Emerger d’un marais qui jadis fut la Seine,

Le Louvre et l’Opéra tous deux devenus tels

Qu’en ce siècle on peut voir les temples des Hellènes !

D’étranges visiteurs exploraient ces vestiges

Sous un ciel orangé, dans de petits avions ...

Le guide, haussant la voix, mit un terme au vertige :

“Mesdames et Messieurs, devant vous : le donjon !”

AG

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le château de évêques à Chauvigny (86)

D’après le Roman de Renard

Afin d’être absous de ses tours,

Renard s’est rendu à confesse.

Au prêtre, il a fallu trois jours

Afin d’ouïr toutes ses prouesses !

“Tu as par trop péché, Renard,

Et ton âme n’est pas très belle !

Pour la purifier sans retard,

Il faut te rendre à Compostelle !”

Pourquoi pas un pèlerinage ?

Se dit le sieur tout à part lui …

J’aime d’autant mieux les voyages

Qu’ici ma tête est mise à prix !

On le vit partir au matin,

Une coquille à la pelisse,

Mais nul ne sait si le coquin

A foulé le sol de Galice …

AG

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