Pour répondre à l'amicale et plaisante sollicitation de Liedich ( écrire trois histoires et deux contes pour enfants ! ), voici un
premier conte. La suite viendra au fil de l'inspiration, enfin j'espère ...
Maurice est
coléreux
Il était une fois un petit ourson qui s’appelait Maurice. Il vivait avec ses parents dans une grande
et belle maison, au milieu d’un grand et beau jardin.
Maurice était très beau, très intelligent, mais il avait un gros défaut : il se mettait très
souvent en colère.
Pour un oui, pour un non, il devenait tout rouge, trépignait, poussait des cris affreux, se roulait par
terre, au grand désespoir de ses parents.
Un jour, il refusait de s’habiller ou de donner la main dans la rue, un autre jour de mettre sa
casquette ou de se brosser les dents. En fait, Maurice disait toujours : Non !
- Mon petit Maurice, descends du toboggan, il est très tard, il faut rentrer à la maison ! Lui
disait gentiment Maman ours.
- Non !
- Maurice, va faire ta toilette !
- Non !
- Maurice, veux-tu, s’il te plaît, mettre le couvert ?
- Non !
Un jour que pour se mettre à table, il refusait d’enlever son gros manteau d’hiver, Maurice fit une
colère si terrible que Papa ours l’envoya dans sa chambre.
Une fois la porte refermée, Maurice se mit à hurler de plus belle, bousculant ses jouets, renversant ses
peluches dans un vacarme épouvantable.
C’est alors que quelque chose d’incroyable se produisit. La très grosse colère de Maurice se transforma
en une très grosse bête noire qui se mit à voler de-ci de-là dans la chambre comme un très gros nuage, avec des yeux rouges et une énorme bouche.
Elle ne faisait pas de bruit, elle était là simplement qui planait dans l’air. On aurait dit un gros ballon.
Maurice eut peur et fut si surpris qu’il s’arrêta un instant de crier, mais l’habitude était trop forte.
Il se remit aussitôt à hurler et à taper des pieds encore plus qu’avant.
Quelle ne fut pas alors sa surprise de voir que, chaque fois qu’il poussait un cri, la bête noire
croquait l’un de ses jouets préférés !
Son camion de pompiers, crac et crac !
Sa belle toupie rouge, crac et crac !
Son établi avec ses outils, crac et crac ! Son …
Maurice, je l’ai dit, était très intelligent. Il eut vite fait de comprendre ce qui se passait,
tout juste à temps, avant que la bête ne dévore … Toto, sa peluche adorée !
Tout s’arrêta alors d’un seul coup. Maurice ne criait plus, la bête était immobile, comme suspendue en
l’air au milieu de la chambre. On aurait dit qu’elle s’était soudain endormie.
Maurice aussi avait un peu sommeil maintenant, il était fatigué et puis il avait très chaud sous son
gros manteau ! Il allait fermer les yeux quand il aperçut quelqu’un assis en face de lui. Il se frotta les yeux.
C’était une belle dame qui lui souriait. Elle était vêtue d’une longue robe bleue où scintillaient des
milliers d’étoiles et portait dans ses cheveux blonds un diadème étincelant.
- Bonjour Maurice, ça va ?
- Ben …
- Ne t’inquiète pas, je suis une gentille fée, je m’appelle Azur. Tu m’as l’air tout
triste.
- Ben, la bête, elle a … elle a … mangé mes jouets …
- Oui, et sais-tu pourquoi, Maurice ?
- Je sais pas.
- Réfléchis bien.
- Parce que … je me suis mis … en colère …
- Oui, c’est ça. Et tu veux que la bête reste dans ta chambre ?
- Oh ! Non, madame !
- Bon, alors écoute-moi, je vais lui parler, à la bête. Au fond, tu sais, elle n’est pas méchante.
Voilà : si tu me promets de ne plus te mettre en colère comme tu le fais, je vais lui demander de te rendre tes jouets et de retourner gentiment chez elle. D’accord, tu
promets ?
- Oui, madame, je promets.
- Bien vrai ?
- Bien vrai !
- Bon. Ferme les yeux !
Quand Maurice a rouvert les yeux, il était seul dans sa chambre. Tous ses jouets avaient repris leur
place, comme par magie.
Vite, il a enlevé son manteau et demandé à ses parents s’il pouvait revenir à
table.
Depuis ce jour, Maurice ne fait plus de colères. Il est devenu très poli, et même si parfois, il a
encore envie de trépigner, il songe au vilain monstre noir qui pourrait bien revenir dévorer ses jouets !
AG
image flickr